Noms de lieux de la commune de Le Buis

I / Le réseau hydrographique :

  • La rivière :

La plupart des hydronymes sont d’origine très ancienne et sont formés d’éléments qui n’appartenaient pas au celtique qu’utilisaient les Gaulois et ils sont, sauf exception, de sens inconnu. L’article a été ajouté au Moyen-Âge devant tous les noms de rivière.

Il en va de même pour notre rivière : Le Vincou.

  • Les eaux : sources et fontaines :

Le terme le plus courant pour désigner les noms de lieux évoquant une source d’eau est le mot occitan font, nom féminin tiré du latin fontem. Les toponymes sont nombreux, le plus souvent ils sont accompagnés d’un adjectif ou d’un déterminant. Un d final que rien ne justifie a été très souvent substitué au t qui avait cessé d’être prononcé vers le 12ème ou le 13ème siècle.

Nous trouvons sur le cadastre Font de Moulin, Font Froide, Font des Combes.

II / Les éléments de géographie physique :

  • Les hauteurs 

Le latin podium désignait une plate-forme surélevée, puis, dès le 4ème siècle, une petite éminence, mais ce n’est pas avant le 10ème siècle qu’il a été utilisé en toponymie. L’ancien occitan pod, poi, puy, colline, hauteur, est devenu dans notre région pey, peu et peuch. Mais en toponymie ces formes ont été remplacées par puy, avec des adjectifs ou des déterminants.

Peu de Royère : composé de peu, puy, et royère, du latin robur, le chêne.

Puy des Horts : composé de puy et de ort, le jardin.

Puy Piolard, Puy Lavenaud, Puy Ventadour.

Ensuite, nous trouvons le terme de mont, qui est la forme francisée du nom limousin correspondant. Il est très souvent accompagné d’un adjectif ou d’un déterminant.

Montsigoud : Monsigo en 1175, sur le plan de 1933, nommé Mont Sigou. Vient probablement du nom propre germanique Sigaud.

 

  • Vallées et dépressions :

Le nom latin de la vallée, vallis, a donné val en ancien occitan, formes limousines val, puis vau. Ce mot est bien représenté en toponymie et connaît diverses variantes comme valette, qui désigne un ruisseau dans une vallée. C’est un diminutif de vallis en valeta. Dans notre commune nous le retrouvons avec le lieu La Valette.

Un autre toponyme renvoie à la vallée, combe, de comba en occitan. Il désigne généralement une vallée étroite, un vallon. Des dérivés existent : Combeau, Combette, Comps…

Nous trouvons sur le cadastre : Combe Grasse, Combeau de Bert, Combe Roudier, Combelle, Les Combeaux.

Le Buis : de latin buxus, le buis.

III / Les éléments de la végétation :

  • Les plantes sauvages :

La broussaille, la végétation sauvage des terrains incultes se définissent par l’occitan brossa. Ce terme caractérise donc le village des Brousses.

Le terme de lande, de l’occitan landa, désigne une étendue de terre vierge où ne poussent que certaines plantes sauvages. Le village de La Lande entre dans cette définition.

 

  •  Le Buis : 

 Le Buis : de latin buxus, le buis. Donne Boisseuil, Boisse, Boisset, Boissy, Busseau….Bussière, Buxerolles…

A noter ici, que les noms renvoyant à cet arbuste peuvent servir de repère chronologique, puisque, dans le Limousin en tout cas, la présence de cette dénomination renvoie assez souvent à une occupation humaine datant de la période gallo-romaine.

 

  •  La couverture forestière :

Sur le plan cadastral de la commune nous trouvons les lieux-dits suivants :

Feu Pommier du latin malus, pommier. Donne Mialet, Malleret, Poumeyrol, Pomarède…

 Peu de Royère : latin robur, le chêne.

La Chenade, peut-être du latin, cassanus, le chêne. Donne aussi Chassagne, Cassagne,…

Les Betoulles, du limousin betou, du latin betulla, du celte bettiu, le bouleau. Nous trouvons en toponymie les noms de Betoux, Betoulle, Bétout… Donne aussi Besse, Bessines.

Nous trouvons sur le cadastre : Les Betoulles.

Le Genestet, du latin genista, ancien occitan genesta. Donne Geneste, Genête, Genesteix, Genétine, Genety, Geneytouse…

Nous trouvons sur le cadastre : Goutte Genêt, Le Genestet.

 

  •  Les références aux oiseaux et arbres fruitiers :

Chantemerle, du latin merula, le merle. Ce nom est également composé du verbe chanter, qui sert généralement à désigner les chants des oiseaux. Il est souvent associé au nom de l’animal.

Le Cerisier du Merle. Ce nom serait former de l’occitan cereis, cerier ou cirier, le cerisier et demerula, le merle.

Le Sireijaud serait un dérivé de la forme latine de cereis, le cerisier.

Las Prugnas, du latin prunus, prunier. Donne aussi Prugne.

Feu Pommier fait référence au pommier.

IV / L’habitation :

  • Du manse au mas :

Mansus est tiré du verbe latin manere, demeurer, habiter. Aux 11ème et 12ème siècles, de nombreux documents désignent mansus par le nom de son occupant. Cette unité élémentaire correspond à une famille et ses besoins. C’est-à-dire qu’elle occupe l’espace nécessaire à sa nourriture et pas plus. Le nom est passé en occitan ancien sous la forme de mas. Mais en Limousin, le mansus devenu le mas se transforma en hameau du jour où la famille se scinda et où chaque ménage construisit sa propre maison : cela probablement au 12ème siècle.

 

  • La maison :

Ce terme vient du latin mansio, lieu de séjour, habitation, demeure, auberge, gîte d’étape. Ce nom a remplacé casa, qui est sorti du langage courant. Mansio désigne toutes sortes d’habitations. Le village des Maisons-Vieilles entre dans cette définition.

 Mazeire  : maceria désignait en latin un mur de clôture en pierre sèches. Ce mot n’est pas passé dans le dialecte, mais est conservé par la toponymie avec le sens de murailles, ruines, décombres. Donne aussi Mazeire, Mazerettas, Mazerettes, Mazerolles, …

Mazeireix : de l’occitan maseira, en latin maceira, maison en ruines.

 

V / Les hommes :

  • Les « propriétaires » :

Des noms de lieux lient à leur histoire le nom des premiers hommes, habitants ou des personnes ayant beaucoup compté.

Pissaud : probablement nom propre.

Montsigoud : Monsigo en 1175, sur le plan de 1933, nommé Mont Sigou. Vient probablement du nom propre germanique Sigaud.

 

  • Les champs et les cultures :

Les Retadis de l’occitan restadis, jachère, terre en repos, latin restare.

Les Chancloux peut-être champ claus, champ fermé ou nom propre.

Le Reclaudi, occitan dérivé de reclaus, clos.

 

  • Les voies de communication :

Les voies de communications sont également désignées. Le lieu le Queyroix, cairoi en occitan, désigne un carrefour. Nous trouvons sur le cadastre Les Queyroix.

 

VI / Les toponymes au sens plus confus :

La Chenade : nom pouvant venir de chen, le chien ou de chêne.

 

Les sources :

LAVALADE Yves, Dictionnaire toponymique de la Haute-Vienne, édition LucienSouny, 2000, p 65.

VILLOUTREIX Marcel, Noms de lieux du Limousin, édition Bonneton, 1995.

VILLOUTREIX Marcel, Végétation et noms de lieux : l’exemple du Limousin, Travaux d’Archéologie Limousine, tome 20, 2000, p 25 à 37.