Le Château de Thouron

Il était situé près et au sud-ouest de l’église, en partie sur le monticule qui domine la prairie en partie sur l’emplacement du château actuel. Construit au XIIème siècle, il devait comme nos autres châteaux limousins de cette époque, former un quadrilatère avec de fortes tours carrées à ses angles. Il n’en reste pas la moindre trace.

Comme souvenir de l’ancien château il ne reste qu’une fontaine.

Les premiers seigneurs de Thouron qui nous soient connus appartenaient à la famille de La Celle. Ce sont probablement eux qui ont fait édifier le premier château. Nous ne savons pas jusqu’à quand ils possédèrent cette terre, qui passa aux mains de la famille Faulcon, sans doute par mariage, pendant près de deux siècles.

Cette importante famille est celle que nous avons vu aux Lèzes. Un événement est à noter pendant cette possession : le passage de Charles VII, en 1438 après sa victoire sur les Anglais, où il vint passer une dizaine de jours à Limoges. Le 2 mars 1438, il dîna au château de Thouron, accompagné des ducs d’Anjou, de Bourbon, des comtes de la Marche, de Vendôme et autres seigneurs. Son fils, le Dauphin, vint le rejoindre à Couzeix, et ils firent leur entrée solennelle dans la ville de Limoges.

Ce premier château, dont il ne reste rien est attesté en 1438 comme « castrum de Touront ». En 1591, Boyol de Montcocu, seigneur du lieu et son gendre de Villelume y tenaient une garnison. Après la famille Faulcon, c’est celle de Du Breuil qui posséda cette terre jusqu’en 1620, date à laquelle le Prince chassa le seigneur Du Breuil et le château fut mis en vente ; acheté par Pierre de Fontréaulx en 1632. Le premier ne voulant se séparer de son bien, escorté, alla en pleine nuit chercher la confrontation avec Fontréaulx. De cette triste histoire, aucun des deux n’en sortira vivant, puisque « l’usurpateur » tua Du Breuil, et les fils de ce dernier massacrèrent Fontréaulx.

En 1634, après ces meurtres, la tour du château est ruinée et démolie en partie ; c’était une place forte qui avait servi durant les guerres de la Ligue et les autres ; un nid de voleurs et tanière de brigands, selon Pierre Robert, lieutenant-général de la sénéchaussée du Dorat.

En 1658, Jacques Dupeyrat, trésorier de France, devient propriétaire du domaine. C’est en sa faveur que la terre de Thouron fut érigée en baronnie. Son fils Joseph fit démolir l’ancienne demeure et bâtir l’actuel château, où il mourut à l’âge de 97 ans. Le gros œuvre était à peine terminé que la Révolution arrêta tout. Ce n’est qu’en 1810, lorsque Pascal Eudel, directeur des douanes à Hambourg, en devient le propriétaire, que l’intérieur s’acheva. Après avoir habité ce lieu pendant près de 20 ans, il le revendit : la famille Breuil-Hélion de La Guéronnière fit cette acquisition.

Le château de Thouron. CPA collection privée.

Le château de Thouron. CPA collection privée.

C’est Alfred de La Guéronnière, homme ayant le goût de la vie publique, donna une large part à la vie intellectuelle. Au domaine, il écrivit la majorité de ses ouvrages et fit venir de nombreuses personnalités : Théodore Bac, Napoléon Wyse Bonaparte, avec qui il tint une relation amicale pendant plus de 20 ans. C’est au moment où règne au plus haut ce mouvement de visiteurs qu’il marie ses quatre filles, dont la plus jeune avec le prince Alexeïeff, qui deviendra grand chambellan du tsar de Russie. Il mourut d’une courte maladie en 1884. Ses héritiers se sont peu à peu dessaisis de ses terres.

Ce bâtiment est l’œuvre de l’architecte Brousseaud, il présente une façade aux multiples fenêtres, surmontées de lucarnes de part et d’autre d’un fronton triangulaire. Il est entouré d’un beau parc arboré.

Il est à noter que la toiture et l’élévation sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 1969.

 

Sources :

Nantiat et ses environs, par l’Abbé Lecler, Res Universis, 1909, in Monographie de Thouron, pages pages 7 à 29.
Histoire du Château de Thouron, 1810-1830, par Jean-Michel Gosan, ADHV, 3SAHL 568.
L’histoire limousine, le château de Thouron illustré par les hommes et les événements, par Ernest VINCENT, articles parus dans le Populaire du Centre, décembre 1953.