Les premiers essais

La 1ère République avait déjà des projets « d’écoles d’agriculture », qui mettaient en application les idées nouvelles.

Plusieurs fermes modèles avaient vu le jour : Roville en 1822 où A. de Bruchard s’est formé aux sciences de l’agriculture ; Sallegourde en 1837 en Dordogne, d’autres encore dans d’autres départements.

Elles vont devenir fermes-écoles.

Dans le rapport précédant le décret, est exposée toute une « philosophie » de l’enseignement agricole, avec des constats et des regrets. Constats que les établissements de haut enseignement créés pendant la révolution ont abouti, dans le domaine des sciences arts et manufactures, à une floraison de résultats inespérés ; regrets que le domaine de l’agriculture soit resté en dehors des préoccupations d’enseignement professionnel.

Extraits du rapport

(…) Aujourd’hui…. le Ministre de l’Agriculture et du Commerce de la République vous présente un projet professionnel d’organisation d’enseignement agricole, large et digne d’une nation qui a compris que l’agriculture est la base la plus solide de sa richesse comme de sa puissance.

(…) Création de trois degrés d’instruction agricole dans trois sortes d’établissements distincts…

– ferme-école : une par département.

– école régionale d’agriculture : une par région.

– institut national agronomique.

Le directeur de la ferme-école devra avoir prouvé par des résultats qu’il est capable de donner à ses élèves toutes les explications nécessaires pour leur faire comprendre la raison de toutes les opérations de sa ferme, et les méthodes judicieuses qui commandent leur réussite constatée par la pratique.

L’enseignement de la ferme-école ne doit être que le compte-rendu de toutes les opérations de l’agriculture raisonnée et progressive qui y est pratiquée.

Le personnel d’enseignement pratique de la ferme-école sera composé de cinq membres : un directeur, un chef de pratique, un surveillant comptable, un vétérinaire, un jardinier-pépiniériste.

Le directeur dirigera l’instruction dans le sens d’une bonne agriculture, raisonnée, lucrative et bien adaptée aux conditions du lieu où il se trouve. Il sera chargé d’expliquer, de la manière la plus simple et la plus élémentaire, tous les faits pratiqués dans sa culture, et qui forment l’ensemble de son exploitation et de son administration rurale.

Le chef de pratique dirigera les ateliers et apprendra aux élèves la manière de bien se servir de tous les instruments employés dans l’exploitation. Il enseignera aux élèves à bien atteler, à bien conduire les animaux, à bien les soigner pendant et après le travail, à être doux et patient avec eux. Il veillera surtout à ce qu’ils ne les maltraitent jamais.

Le surveillant comptable enseignera la comptabilité, qui est la boussole des cultivateurs. Rien n’est plus utile qu’une comptabilité pour instruire les cultivateurs sur les pertes et bénéfices que leur donnent les différentes cultures qu’ils adoptent dans leurs assolements ; cependant, rien n’est généralement moins connu, surtout dans la petite culture. Le professeur de comptabilité donnera, de plus, des notions sur la pratique du cubage, du nivellement et de l’arpentage. les neufs dixièmes de nos cultivateurs ne connaissent même pas la contenance de leurs pièces de terre. Ils les mesurent, dans beaucoup d’endroits, par journée de travail de labour.

Le vétérinaire enseignera les premiers éléments de l’art de soigner les animaux dans leurs maladies les plus simples. Il insistera surtout sur les moyens de les conserver en santé par une bonne hygiène.

Enfin, le jardinier-pépiniériste enseignera l’horticulture potagère, qui offre de si immenses ressources à la nourriture du peuple ; il apprendra l’art d’établir et soigner les pépinières pour les reboisements et celui de greffer, de tailler, d’entretenir les arbres fruitiers. Rien n’est moins bien connu, moins compris que les ressources des jardins potagers de nos exploitations rurales. Un potager bien exploité est une exception.

« Les fermes-écoles formeraient des ouvriers cultivateurs habiles, des métayers, de petits fermiers intelligents, des contremaîtres capables de remplacer au besoin les chefs des grandes exploitations. Ils pourraient conduire sous leur direction tout leur personnel de travailleurs et les travaux qu’ils exécutent ».

En 1849, il existe :

– 70 fermes-écoles,

– 4 écoles régionales,

– et l’Institut agronomique dont l’existence sera de courte durée puisqu’il sera supprimé dès 1852.

20 écoles régionales avaient été prévues, le nombre de 4 ne sera jamais dépassé. Il s’agit de :

-Granjouan en Loire Atlantique (alors Inférieure),

– Grignon en Yvelines (alors Seine et Oise),

– La Saulnaie dans l’Ain,

– Saint-Angeau dans le Cantal.

Au début, l’origine géographique des élèves déterminait l’école où ils pouvaient être admis, puis peu à peu il n’y eut plus d’obligation.