Chavaignac et son organisation

Croquis de la façade de l’école par l’élève Pierre Roussy

Croquis de la façade de l’école par l’élève Pierre Roussy

Pourquoi Chavaignac ? 

Dès 1830, M. de Bruchard avait commencé à diriger son exploitation, qui était déjà arrivée à un degré remarqué d’amélioration, lorsqu’elle a été érigée en ferme-école.

 

Croquis de la façade de l’engrais des boeufs et du jardin anglais par l’élève Pierre Roussy

Croquis de la façade de l’engrais des boeufs et du jardin anglais par l’élève Pierre Roussy

Le relief du sol est peu accidenté ; il est formé de quelques vallées peu profondes qui sont en nature de prés arrosés et de mamelons à pentes régulières et peu prononcées, ce qui en rend faciles la culture et l’écoulement des eaux.

Il a été fait des drainages irréguliers sur 42 hectares, par des drains en empierrement, les pierres étant en abondance sur place.

Toutes les terres ont d’ailleurs été améliorées par l’emploi de composts calcaires obtenus par le mélange, par couches alternatives, des matières végétales, que l’on pouvait se procurer avec de la chaux et du fumier de porc.

Monsieur de Bruchard auquel on ne songea pas d’abord, fut, après bien des péripéties nommé directeur le 22 décembre 1847.

Il s’occupa immédiatement de l’installation et de l’organisation de ce nouvel établissement. Le bâtiment qui fut construit pour recevoir les élèves présente toutes les conditions désirables d’aménagement et de salubrité.

Ce fut au mois de mai 1848 qu’eût lieu l’entrée de la première division.

Monographie

La propriété de Chavaignac se compose en tout de 375 hectares dont 232 hectares sont affectés à la ferme-école et constituent un faire-valoir direct, et 163 hectares sont partagés en trois domaines à partage de fruits et comprennent en outre des champs froids et une prairie en formation.

Les prés de la terre de Chavaignac ont une étendue de plus de 100 hectares, sur lesquels 55 environ dépendant de la ferme-école sont irrigués et se trouvent dans un état satisfaisant de production.

Des écoles et des hommes, au service du progrès de l’agriculture dans le canton de Nieul au XIXème siècle, 2ème de couverture.

Le bétail sur la ferme-école se compose de 80 têtes de l’espèce bovine et d’un troupeau de 250 têtes ovines dont 140 brebis. Chacun des trois colons entretient 10 vaches, 50 à 60 moutons et de truies portières qui donnent lieu, par an, à la production de 25 à 30 porcelets achetés par la ferme-école.

M. de Bruchard donne sur le cheptel de la ferme-école les détails suivants :

Les vaches et les bœufs font seuls tous les travaux : le travail surtout doit donc payer leur nourriture. Cependant les veaux que nous élevons ou vendons viennent en aide à l’entretien des vaches, qui, de même que les bœufs, sont livrées à l’engraissement quand leur âge ou quelque autre circonstance les classent au rang d’animaux de rebut.

Le troupeau sort à peu près tous les jours et s’entretient, en grande partie, au pâturage ne recevant à la bergerie qu’une ration de fourrage sec avant de se rendre aux champs.

Dans une exploitation comme celle de Chavaignac, il est difficile de se livrer avec avantage à l’élevage des porcs, qui dans leur jeunesse, ont besoin d’un exercice qu’ils ne peuvent trouver qu’au dehors, ce que nous ne pouvons leur procurer, par suite de nos exigences culturales et du dommage qu’ils causeraient à nos récoltes sans des soins de garde, auxquels on ne peut guère espérer arriver. Nous avons donc, après plusieurs années d’essai, renoncé à l’élevage de ces animaux, pour nous livrer exclusivement à leur engraissement ; les domaines nous fournissent les nourrains qu’ils élèvent, et, en outre, les foires qui sont à notre portée nous donnent toute facilité pour nous approvisionner au fur et à mesure de nos besoins et dans la proportion de nos ressources, pour nous livrer exclusivement à leur engraissement.

Légende d'un plan

Légende d’un plan

Les labours sont exécutés avec la charrue Dombasle.

Outre cette charrue, on se sert de herses Valcourt et Howard, des scarificateurs, de rouleaux en bois et de rouleaux Crosskill, des houes à cheval.

Les semailles de céréales se font à la volée.

La moisson des céréales se fait autant que possible avec la machine Johnston, mais on emploie aussi la faux armée, le volant, la sape, et même la faucille. On bat avec la machine Pinet, qui fonctionne à grande distance au moyen d’un câble mis en mouvement par une roue hydraulique placée sous la chaussée de l’étang de Chavaignac et qui donne une force de 18 chevaux avec une chute de 5 mètres.

Croquis du hangar par l’élève Pierre Roussy et photos plus actuelles

Croquis du hangar par l’élève Pierre Roussy et photos plus actuelles

Au début de l’entreprise, le capital employé à Chavaignac était de 39.000 francs ; le revenu ne dépassait pas 4.000 francs.

En 1878, le capital est porté à 121.000 francs et, pendant les dix années écoulées de 1869 à 1878, le produit net moyen annuel a dépassé 18.000 francs. L’excédent de 82.000 francs, placé dans l’exploitation, a donné lieu, comme on le voit, à un accroissement annuel de bénéfices de 14.000 francs. M. de Bruchard ajoute :

« Je suis convaincu que, quand notre capital d’exploitation s’élèvera à 150.000 francs, le revenu de Chavaignac atteindra, s’il ne le dépasse pas même, 30.000 francs. Si l’on fait entrer en ligne de compte la plus-value d’une propriété qui, d’un revenu de 4.000 francs, aura atteint le chiffre de 30.000 francs, on sera en droit d’affirmer qu’il est difficile de faire un placement de capitaux plus avantageux qu’en agriculture, quand on agit avec prudence et avec tous les moyens d’actions voulus. »