Ordre religieux : Abbaye Saint-Martial

Des chanoines se réunissent pour protéger le tombeau du premier évêque de Limoges, ce sera le point de départ de l’abbaye de Saint-Martial, rattachée par la suite à Cluny.
Cette abbaye prestigieuse connaîtra ses siècles d’or aux Xème, XIème, XIIème, XIIIème siècles.

Guillaume d’Aquitaine considéré comme le premier des troubadours y fut éduqué et lui resta toujours fidèle et l’on attribue à l’abbaye une certaine influence dans la naissance de la poésie courtoise.

Renommée pour ses manuscrits enluminés, pour son école de chroniqueurs, ses trésors, elle l’est aussi pour l’importance de sa musique religieuse. Saint-Martial a été dès la fin du Xème siècle au moins, l’un des principaux centres des études musicales en Occident.

La chanson « l’alouette… » de Bernart de Ventadour qui sera connue dans toute l’Europe quelques mois après sa création est composée sur l’air d’une Hymne de l’abbaye Saint-Martial : Beata Maria Virginae.

Au temps de sa splendeur, des Princes, des Rois, le pape Urbain II entre autres la visitent.
Le pèlerinage à Saint-Martial est l’un des plus fréquentés de la chrétienté. Et la foule est parfois si dense que des accidents graves peuvent s’y produire.

Il n’en est plus ainsi au XVIIIème siècle. Manquant d’argent, des réparations indispensables ne peuvent pas toujours se faire. En 1702 l’on trouve les indications suivantes :

« Tous ces lieux claustraux sont tellement négligez qu’ils ne subsistent plus que parce qu’ils ne veulent pas tomber… »
Quant au clocher son état était si préoccupant que pour éviter le pire, il fut démoli et remplacé par une structure plus légère.

Tropaire-prosier de Saint Martial Bnf, Paris, ms. lat. 1121, fol.26.

Tropaire-prosier de Saint Martial Bnf, Paris, ms. lat. 1121, fol.26.

À la même époque, nombre des précieux manuscrits seront vendus au Roi et, de nos jours, se retrouvent à la Bibliothèque Nationale.

À ce sujet, lors de l’exposition de 1950 au Musée de l’Évêché, l’on pouvait lire dans le catalogue de l’exposition tout en déplorant la destruction de l’abbaye :

« Après tout le meilleur d’elle-même subsiste-t-il… dans ces manuscrits qui nous permettent d’évoquer encore aujourd’hui l’activité du scriptorium monastique au temps où Saint-Martial attirait à lui les foules d’Aquitaine. »

Réjouissons nous que des expositions et études universitaires actuelles puissent nous faire mieux connaître la richesse de ce passé.