La commune de Couzeix

  1. Préface
  2. Géographie, topographie
  3. Origines et faits historiques
  4. L’église, les curés, les registres paroissiaux
  5. La seigneurie et la justice
  6. Les fonctions. Les métiers, le commerce et l’agriculture de jadis.
  7. Les Familles, l’habitat, la population, les évènements de la vie courante d’antan.
  8. La période révolutionnaire, la mairie, les registres d’état civil, les finances.
  9. Le bourg et les villages.
  10. Hippodrome de Texonniéras.
  11. Economie, transports et réalisations.
  12. Fêtes et associations

Les pages que M. du Cray va nous livrer, après de patientes recherches que je lui avait demandé d’effectuer en lui donnant le libre accès des archives communales, ont pour but de mettre en valeur l’histoire, trop méconnue jusqu’alors de Couzeix, afin de montrer à nos compatriotes la vie ancienne et le développement au cours des âges de notre petite patrie. Je suis persuadé, qu’en dehors des historiens locaux et des archéologues, tous les foyers de notre commune voudront y faire bon accueil et auront à coeur de posséder cet ouvrage, qui sera en quelques sorte comme un « livre de raison » pour chacun.

J. -A. CHAUVEAU
maire de Couzeix.

Préface

L’histoire de nos provinces est en perpétuel devenir. Pierres angulaires de l’édifice en construction, les monographies d’histoire communale ont une place privilégiée parmi les matériaux de toutes qualité et d’origine diverse que sont les notes, articles ou études recueillies par les revues savantes ou publiées à part. Grâce à M. Serge du Cray, Couzeix peut se féliciter d’avoir aujourd’hui « son » histoire, documentée et probe, démunie de tout esprit de clocher et pourtant, comme il convient animée du désir de servir la cause de la petite patrie. Puisée à de multiples sources d’information, imprimées et manuscrites, c’est la vivante chronique d’une riche bourgade de banlieue qui a hérité du Moyen Âge le surnom flatteur de « Petit Limoges ».

Souhaitons au livre une large diffusion et à l’auteur de nombreux émules !

Jacques DECANTER
Directeur des Services d’archives de la Haute-Vienne

Géographie, topographie

La commune de Couzeix, qui appartient au canton ouest et à l’arrondissement de Limoges, a une superficie de 2 979 hectares, 37 ares, 90 centiares, et sa population est de 2 227 habitants au dernier recensement, remontant à mai 1954. Mais celle-ci doit atteindre, à l’heure actuelle_ et même dépasser_ 2 500 habitants, dont près de 500 agglomérés (453 en 1954). Elle est bornée par les communes de Limoges (Limoges proprement dite et section de Landouge), Saint-Gence, Nieul, Chaptelat, et Beaune-les-Mines.

Origines et faits historiques

Le nom de Couzeix a tour à tour été écrit Coseis, Cozei, Cosai, en 1097 ; Coseium, en 1212 ; Cosez, en 1439 ; Couzeilhz, en 1443 (cf. Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin, T LIII, 1903).

Ce nom tirerait son origine du mot celtique Coz ou Cos qui signifierait : pierre très dure, d’après un chartiste actuellement attaché à la Bibliothèque Nationale. On trouve dans un département voisin, la Dordogne, deux communes dont le nom aurait la même origine : Le Coux et Couze-et-Saint-Front, et plus près de nous, la rivière de la Couze, Coussac, et la Cosse, commune de Veyrac. Il pourrait provenir aussi du radical celtique Cot ou Coss, synonyme du mot breton Coat, qui veut dire bois ou forêt (cf. Abbé Arbelot, origine des noms de leiux en Limousin, 1887). Et il ne nous semble pas inutile de rappeler à ce sujet que les vastes étendues de terrains, en nature de landes, situées entre le Montin, le Mas Bouriane et le Mas-de-l’Âge, étaient à l’origine couverte de bois et que le Mas-de-l-Âge était « La Maison de la Forêt », du mot barbare agia introduit en Gaule au Vème siècle, pour désigner une futaie brutale.

Pour la première fois, à notre connaissance, le lieu de Couzeix est surnommé le « Petit-Limoges » dans un acte de 1245, et il garde encore, avec fierté, ce surnom (cf. Bonaventure de Saint-Amable : Histoire de Saint-Martial, TIII, p 562).

Il semble que le bourg et la communauté de Couzeix aient pour origine une prévôté, qu’y établirent de bonne les abbés de Saint-Martial, successeurs de ceux de Saint-Benoit-du-Sault, en Berry et autour de laquelle se développèrent des habitations.

Cette dépendance et cette proximité de Limoges valurent à notre commune passablement d’honneurs : c’est, en effet, à Couzeix qu’on allait recevoir les personnages importants, qui devaient faire leur entrée solennelle à Limoges. Le 2 mars 1438, Charles VII, contemporain de Jeanne d’Arc, et qui avait couché au Dorat et dîné à Thouron, et le Dauphin, le futur Louis XI, son fils, se réunirent à Couzeix, pour faire leur entrée à Limoges.

Le 26 août 1541, le corps de Jean de Langeac, évêque de Limoges, ayant été transporté de Paris à Couzeix, où il fut déposé et gardé dans l’église durant la nuit, fut solennellement transféré à Limoges pour être inhumé dans la cathédrale. On trouve une relation très détaillée de ces cérémonies dans la Feuille hebdomadaire de Limoges, du 22 janvier 1786.

En 1569, la veille de la Fête-Dieu, le duc d’Anjou, à la tête de l’armée catholique, vint loger à Couzeix, et vraisemblablement au Mas-de-l-Âge, où les consuls de Limoges, ayant à leur tête de Douhet du Puymoulinier, lui apportèrent les clefs de la ville. A ce moment, l’Amiral de Coligny et les Allemands du duc des Deux-Ponts s’approchaient de Limoges pour s’en emparer. C’était le prélude de la bataille de La Roche-L’Abeille, à laquelle prit part brillamment notre compatriote, Martial Benoist du Mas-de-l-Âge, futur lieutenant du Grand Voyer de France et Surintendant des Finances de la Ligue, et dont une petite-fille, Anne du Bernet, épousa Gaston de Secondat de Montesquieu, grand-père de l’illustre écrivain de ce nom, qui visita à diverses reprises notre commune.

En 1594, les Croquants, bandes de révoltés, venant des confins de l’Auvergne, on disait de Crocq, furent chassés de Couzeix par M. de Pierre-Buffière de Chamberet, gouverneur du Limousin, qui avait réuni pour cette expédition une troupe de sept à huit cents hommes et des canons.

A son tour, Henri IV, doublement souverain du Limousin, puisque vicomte de Limoges du chef des d’Albret, passa, en 1605, par Couzeix, où il fut harangué par Martial Benoist, seigneur du Mas-de-l-Âge et baron de Compreignac, que ce roi combla par la suite d’honneurs, et dont le frère, l’Abbé Benoist, fut l’un des artisans de la conversions de ce monarque (cf. Bonaventure de Saint-Amable : Histoire de Saint-Martial, précitée).

L’évêque François de la Fayette fit son entrée solennelle à Limoges, le 20 ou le 25 juin 1628. Selon l’usage traditionnel, huit compagnies de bourgeois de la ville allèrent au devant du prélat jusqu’au delà du « Petit-Limoges », avec les députés du Chapitre et les consuls qui le haranguèrent.

En 1631, la peste ravageant Limoges, mais épargnant sans doute le territoire de notre commune, les religieuses carmélites de cette ville se réfugièrent au château du Mas-de-l’Âge, chez Jeanne de Douhet, veuve de Martial Benoist précité, qui leur laissa, à son décès, huit pièces de tapisserie des Flandres.

En 1717, le 18 mars, on enterra sous une dalle de l’église, le Maire de la ville de Limoges, Jean de Villoutreix, en tant que seigneur de Texonnièras, village, avec château, dépendant de Couzeix.

Le 26 juin 1777, le curé Baresge note que quatre cents enfants (sic) de sa paroisse ont été confirmés dans le parc du seigneur de Nieul, par Mgr Louis-Charles d’Argentré, évêque de Limoges, vraisemblablement par suite de manque de place. Il est certain aussi que le confirmation ne devait pas être administrés tous les ans, car il n’y avait à ce moment à Couzeix, que cent vingt à cent trente feux (cent feux en 1708), ce qui devait correspondre à une population de neuf cents habitants. Nous sommes loin des chiffres actuels. Il est vrai que la circonscription du territoire de Couzeix, qui était ecclésiastique, n’était pas exactement, comme on le verra plus loin, la même qu’aujourd’hui.

En dehors de ce qui a été dit plus haut, les diverses révolutions et les évènements politiques importants qui ont agité notre pays, ne semblent pas avoir provoqué de très graves soubresauts à Couzeix. Cependant la période révolutionnaire proprement dite, s’étendant entre la fin du règne de Louis XVI et le Consulat ne peut pas être passée sous silence, en raison des transformations importantes qu’elle amena, et fera l’objet d’un chapitre.

L’église, les curés, les registres paroissiaux

La prévôté de Couzeix, dépendait, croit-on, tout d’abord de l’abbé de Saint-Benoist-du-Sault, puis en 1097jusqu’à la Révolution du monastère de Saint-Martial, qui fut détruit en 1792 et occupait l’emplacement actuel de la place de la République, à Limoges. Elle fut unie au domaine abbatial en 1404. A la fin du XVème siècle, l’abbé Jacques Jauviond rebâtit la maison prévôtale, sans doute sur l’emplacement actuel de la maison curiale, bien qu’il y ait eu par la suite, de sérieuses transformations autour de l’église. Cette prévôté, qui était assortie d’un chapitre de prêtres communalistes, dont les noms sont malheureusement inconnus, mais comme en fait foi un titre du XVème siècle, fut supprimée par la Bulle de sécularisation de 1535 et, dès lors, les abbés furent obligés d’entretenir à Couzeix un vicaire ou un curé, un juge et un procureur d’office. Cette prévôté avait pour patron en 1097 Saint Martial et, en 1570, la Sainte Vierge devint patronne de l’église, puis en 1750, et comme aujourd’hui, Sainte Marie-Madeleine.

La cure qui faisait partie de l’ancien archiprêtré de Saint-Junien, avait le même patron que la prévôté. Dans les dernières années du XVIIIème siècle, il y avait 900 communiants, soit 1100 habitants environ.

Guillaume Gaufredi en était prévôt en 1351. Les curés dont le nom est connu sont les suivants : Jean de Lafont, prévôt le 29 juin 1426 ; Jean de Monteys, prévôt en 1433 ; Jean Peytavino, prévôt en 1450 ; Guillaume Benoist, prévôt et neveu du chanoine Benoist, prévôt d’Ambazac en 1495 ; Terrier, prévôt en 1519 ; Louis Savary, prévôt en 1530 ; Louis Santon ou Sauton, dernier prévôt en 1531 ; Jean Texier, en 1567 ; Etienne Breilhaud, en 1594 ; Barthélémy Louradour, la même année ; Texandier, en 1620 ; Martial Colin, en 1660 ; Barthélémy Lesnoyne, 1662-1674 ; Grammagniat, en 1674 ; Jean Joanaud, en 1681 ; François Soudanas, 1694-1706 ; Martial Valade, 1706-1709 ; François Guéry, 1709-1751 ; Jean-Baptiste Bardinet, 1751-1757 ; Léonard Baresge, 1757 ; Jean Baresge, 1758-1788 ; Mathurin Alaboissette, 1788-1790 ; Gilbert-Joseph Mercier, 1790 ; expulsé de la paroisse pour refus de serment constitutionnel, ainsi que son vicaire Debraye, et décédé à Clermont en 1792. Nous trouvons ensuite Jean-Baptiste Dupré, curé constitutionnel, à partir de 1792 ; au Concordat (1802), François Guineau ; Léonard Larue, 1836 ; Jean-Baptiste Thouvenet, 1837 ; François Maubay, 1842 ; Jean-Baptiste Tisseuil, 1851, inhumé au pied de la grande croix du cimetière actuel ; Alphonse Maurelet, 1867 ; Jean Reix, 1870 ; Hippolyte Martin, 1883 ; Louis Grenet, 1887 ; Paul Andrieux, 1896 ; Eugène Sudraud-Desisles, 1901 ; P. Plantard, 1923 ; Maurice Robert, 1928 ; Camille Beldio, 1944.

Quant aux vicaires, en dehors de Jean Gentaud, en 1588, en voici une liste approximative durant le cours du XVIIIème siècle : François Guéry, en 1718, frère ou neveu du curé et devenu à son tour curé de Chaptelat, en 1724, décédé en 1739 et inhumé dans l’église de Couzeix ; Testud, en 1726 ; d’Entreygas, en 1751 ; Bourdeau, en 1752 ; Champalimaud, en 1754 ; Roby « vicaire du Petit-Limoges » (sic), en 1755 ; Mourier, en 1757 ; François Thouvenet, en 1770 ; Menot, en 1773 ; Châtenet, en 1774 ; Mercier, devenu curé par la suite, en 1775, et Debraye, en 1790. Entre 1665 et 1674, on trouve, d’autre part, un prêtre habitué, M. Pierre Reyjaud.

 

L’église de Couzeix a été construite au XIème siècle, dans le style roman. Il y a quelques reprises de style ogival, datant du XVème siècle. Elle comporte une belle nef, flanquée de collatéraux qui offrent des voutes transversales, comme à la cathédrale de Limoges. Au début du XVIIIème siècle, le Révérend Père Benoist, de l’Oratoire, coseigneur de Couzeix, donna une somme importante à la fabrique qui permit de faire des réparations. La disposition intérieure a été modifiée : l’autel actuel de Sainte Marie Madeleine était celle de Notre Dame du Rosaire et de l’autel actuel de la Sainte Vierge celui de Saint Jean-Baptiste, un vitrail le rappelle d’ailleurs pour ce dernier. La chaire, disparue aujourd’hui, était dans la partie gauche de la nef, après la deuxième voûte transversale.

Au cours de réparations effectuées en 1898-1900, peu heureuses au point de vue de l’unité du style et qui empêchent notre église d’être classée parmi les monuments historiques, plusieurs fenêtres furent ouvertes, la structure du choeur reçut une nouvelle voûte, soutenue en avant par deux colonnes d’ordonnance romane, et un autel en pierre blanche y fut érigé. Cette ultime transformation eut le seul mérite d’éclairer l’intérieur de l’édifice qui était, jusqu’alors, assez sombre et humide. Les anciens bancs disparurent aussi, notamment celui de la fabrique, qui avait remplacé celui de l’abbé de Saint-Martial, patron du lieu, et celui, avec dossier, du Révérend Père Benoist, précité et de sa famille, qui avait été fondé en octobre 1712, et placé vis-à-vis de la chaire, du coté de l’Epitre. La concession du banc accordé à perpétuité, le 10 mai 1713, au Révérend Père Joseph Benoist, coseigneur de Couzeix, à son neveu Benoist du Buis, avocat en la Cour du Parlement de Bordeaux, puis conseiller au Présidial, et aux héritiers de ce dernier, par M. de Barrière de Taillefert, abbé de Saint-Martial et seigneur de Couzeix, avait reçu l’accord le 25 novembre 1712, de l’évêque de Limoges, Mgr Antoine de Charpin de Genetines et, le 5 octobre précédent, celui du curé Guéry et de la communauté paroissiale de Couzeix, représentée par François Testu, syndic perpétuel, Jean Terrier, bourgeois ; Martial Fournier, du Montin, Jean Terrier de Nouailhias, André Testu, du bourg, Jean Patapy, d’Anglard, et Michel Chaignaud, du bourg, par actes reçus par Etienne, notaire royal à Limoges, MM Benoist, oncle et neveu, donnèrent la somme de cent quinze livres tournois, qui furent employés à la réfection du clocher et des piliers extérieurs de l’église, qu’on disait être alors en quasi ruines.

L’église possède une statue ancienne, remarquable et assez rare, de la Sainte-Trinité, qui est d’importation récente, provenant du don d’une généreuse paroissienne. Elle doit dater du XVème ou XVIème siècle. Nous y voyons également un reste de bas-relief en bois sculpté du XVIIème siècle, provenant de l’ancien baptistère et représentant le baptême de N.S. Son clocher est enrichi d’une belle cloche du XIIIème siècle, probablement de 1215, qui porte cette inscription en lettres gothiques majuscules IHSSCS Marcialis Ora. pro-nobis. Ave Maria. On lit, à coté d’une croix, sur la deuxième cloche : Jacques-Henri-Philippe de Montesquiou, abbé de Saint-Martial ; Antoine-Joseph de Martin, chevalier, seigneur de La Bastide, parrain ; Jeanne-Thérèse du Repaire, dame de La Bastide, marraine ; Martial Terrier, notaire fabricien. Faite par moy Morin, 1743.

Bien que le cimetière entourât l’église depuis sa fondation jusqu’au début du siècle dernier, un certain nombre de personnes furent jadis enterrées dans l’église. Plusieurs familles importantes y avaient leur tombeau, sous des dalles, à des places désignées, moyennant une fondation par un unique versement à la Caisse de la fabrique, notamment, les seigneurs de Texonniéras, les Benoist, seigneurs du Buis et du Mas-de-l’Âge, les Joubert-Latreille, bourgeois du bourg de Couzeix, dont le tombeau se trouvait derrière la chaire et à proximité de l’autel de Saint-Jean ; les Terriers, dont le tombeau, avec inscription gravée sur la pierre, fut fondé le 10 février 1695 ; les Vigneron….D’autres pouvaient se faire enterrer dans les tombeaux de la fabrique, moyennant un droit assez important payable à chaque inhumation, dont les seuls étaient exemptés les curés et les fabriciens. A partir de 1750, on enterre beaucoup plus rarement dans l’église. De 1694 à 1790, nous avons relevé trente-huit inhumations dans l’église, depuis la place d’honneur, dans le sanctuaire, devant le maître-autel, sous la lampe du Saint-Sacrement, emplacement réservé aux curés et prêtres de la paroisse (à l’exception du curé Baresge enterré en 1788, sous le porche), jusqu’à la dalle la plus humble de la porte d’entrée.

Un vieux registre familial nous fait connaître que le 15 août 1673 fut enseveli en l’église de Couzeix, dans les tombeaux de M. Benoits, conseiller au Présidial et seigneur de Blémont et du Bouis (sic), un enfant de ce dernier et de Melle Paignon, du Mas-Marvent, prénommée Magdeleine et baptisée le 14 juillet précedent à Saint-Pierre-du-Queyroix.

Extérieurement, l’église a subi des transformations en ce sens que le cimetière qui l’entourait a été comblé et nivelé, le terrain fortement remblayé, et l’église se trouve maintenant pour ainsi dire de plain-pied avec le sol de la rue et de la place, alors qu’en 1788, il y avait un escalier pour accéder à la porte principale et qui n’est autre peut-être que celui qu’on voit au sud de la place et conduisant à la terrasse de tilleuls. il y avait une grande croix dans le cimetière qui doit s’identifier avec celle qu’on voit dans le nouveau cimetière. La table de pierre, surmontée d’une croix, à droite de la porte d’entrée de l’église, servait de « Reposoir » pour les cercueils à la sortie de l’église, avant l’inhumation.

Avant 1789, les curés, bien qu’une grande partie des revenus de la dîme, alla à l’abbé de Saint-Martial, principal décimateur de la paroisse, jouissaient de biens assez importants, d’après les notes laissées par l’abbé Mourier, vicaire en 1757, à la prise de possession de la paroisse, par le curé Baresge. La plupart de ces biens provenaient soit de la fondation de bancs ou de tombeaux, soit de la fondation de messes et de services à l’intention des défunts. La propriété du curé se composait notamment d’une petite terre, servant de jardin, en bordure du grand chemin de Limoges à Poitiers, appelée de l’Hort-du-Vignaud ou pataude, une écurie pour le cheval à proximité, le petit pré du grand chemin. Ces fondations, en dehors de celles des Benoist et de bien d’autres que nous ne connaissons pas, provenaient des Réjaud, des Testud (du Bourg), des Ardillier, des Mourier (de Bruxelles).

En dehors des exercices du culte et de l’administration des sacrements, le curé était tenu de rédiger les actes de baptêmes, mariages et inhumations sur un registre, en double exemplaire à partir du règne de Louis XV, le second exemplaire étant envoyé chaque année au greffe du Présidial ou de la Sénéchaussée. Ceux qui ont été conservés par Couzeix vont de 1662 à 1674, puis de 1694 à 1792, remplacés à cette dernière date, par les registres d’état civil, tenus par la Municipalité.

En dehors des signatures des différents prêtres qui se sont succédé à Couzeix et de quelques habitants du lieu (car n’oublions pas qu’à cette époque peu de gens savaient écrire) on voit en tête de chaque feuillet le paraphe de l’un des officiers du Présidial ou de la sénéchaussée de Limoges. De 1694 à 1700, celui de Jean-Baptiste de Vincens, écuyer, seigneur de Thèdes, conseiller du Roi en ses conseils, lieutenant-général ; en 1725, celui de François Marcialot, seigneur du Puy-Mathieu, conseiller du Roi, juge royal de Limoges ; de 1758 à 1766, celui de Jean-Pierre Rogier des Essarts, seigneur de Leyraud et du Buisson, conseiller du Roi, et lieutenant-général ; en 1767, celui de Hugon de Thouars, conseiller doyen du Présidial de Limoges ; en 1768, celui de Joseph-Grégoire de Roulhac, écuyer, seigneur de Thias, secrétaire du Roi et lieutenant-général ; en 1781, celui de François Ruben de Lombre, seigneur du Mas, lieutenant particulier ; et enfin, à partir de 1783, celui de Guillaume-Grégoire de Roulhac, écuyer, seigneur de La Borie et de Faugeras, lieutenant-général. On y relève aussi le contrôle pour droits de timbre : d’Ardillier, en 1705, de Mandavy, en 1707, et d’Estienne, en 1708.

La seigneurie et la justice

Comme nous l’avons vu plus haut, l’abbé de Saint-Martial de Limoges, après avoir remplacé celui de Saint-Benoist-du-Sault, au XIème siècle, avait la haute main sur notre territoire et, comme tel, y nommait les curés et y rendait la justice. Mais le 16 novembre 1699, le Révérend Père Joseph Benoist de l’Oratoire, frère du baron de Compreignac et du seigneur de Blémont, acquit du Roi, comme fief mouvant de la couronne, la seigneurie des Echanges de Couzeix, comme il se voit par la quittance en notre possession de 250 livres tournois, du 1er septembre 1699, signée de Pierre Gruyn, garde du Trésor royal. Cette seigneurie des Echanges donnait droit aux taxes d’investiture pour les échanges de biens ou d’héritages qui se faisaient dans toute l’étendue de la paroisse et accordait des droits honorifiques à partager avec le seigneur principal du lieu, ce qui faisait que le titulaire pouvait se nommer coseigneur.

D’autre part, il appert d’une lettre officielle de M. Theurey, Directeur de l’Enregistrement et des Domaines Impériaux à Limoges, chargé d’enquêter sur les aliénations de l’Etat antérieurs à 1789, en date du 12 juin 1811, que les commissaires généraux du Roi vendirent, le 28 mai 1705, le droit de justice haute, moyenne et basse dans la paroisse de Couzeix à M. Benoist de Blémont, pour ce qui regardait le domaine royal. Malgré cela, il semble qu’il n’y ait jamais eu qu’un seul appareil de justice, peut-être à la suite d’entente entre les intéressés, l’abbé de Saint-Martial et le seigneur de Blémont.

La justice s’exerçait par l’intermédiaire d’un juge, d’un procureur d’office ou fiscal, qui représentait le Ministère Public, et d’un greffier. Ces officiers devaient résider, en principe, à Couzeix mais, en fait, ils habitaient Limoges, détenant, par ailleurs, plusieurs autres charges. Ils constataient et jugeaient en premier ressort, les délits et litiges, qui étaient portés en appel au Présidial de Limoges, puis au Parlement de Bordeaux. Lorsqu’un trépas, par meurtre ou accident, survenait sur la territoire de Couzeix, ce qui arrivé plusieurs fois, comme on le verra plus loin, ils se transportaient sur les lieux et l’inhumation ne pouvait être faite sans leur permission. Les inculpés et les plaignants étaient défendus ou représentés par des procureurs ou des praticiens. Nous avons pu relever comme juges les deux seuls noms suivants : M. Estienne, en 1728 ; M. Tanchon, en 1788. Cette même année, M. Leyssenne est procureur d’office, tandis qu’en 1718, c’est le Sr. Senemaud, avocat, qui est procureur fiscal, tous habitants de Limoges. Quant aux procureurs, praticiens résidant à Couzeix, nous trouvons M. Jacques Terrier, à Nouailhas, en 1674 ; M. Michel Guitard, au bourg, en 1696 ; Jean Talabot, à Nouailhas, en 1700 ; Jean Terrier, à Nouailhas, en 1716 ; François Terrier, en même temps procureur d’office des justices de Nieul et de Nantiat, résidant au bourg de Couzeix de 1775 à 1787.

Le village de Chamboursat ne semblait pas dépendre de la justice de Couzeix, mais de celle fort importante des Combes, ville de Limoges, d’après la visite qu’y fit le lieutenant de cette juridiction, le 18 décembre 1740, pour constater la mort d’André Doucet, dit trop-long.

Les fonctions. Les métiers, le commerce et l’agriculture de jadis.

Avant 1789, l’agriculture dominait la vie de notre commune. L’industrie réduite à l’artisanat, d’ailleurs fort ingénieux, était inexistante. Il est à remarquer que la plupart des habitants vivaient pour ou par l’agriculture. Nous avons trouvé des propriétaires cultivateurs, des métayers ou colons partiaires, des bordiers (petits métayers), exceptionnellement des fermiers, un aux Francines cependant, en 1788. Les commerçants étaient presque tous dans le bourg. En ce qui concerne l’artisanat, il faut signaler le grand nombre de tisserands et de meuniers. parmi les fonctions publiques, des notaires, ce que nous ne trouvons plus aujourd’hui, ainsi que des procureurs, remplacés aujourd’hui par des avoués, mais à Limoges, et dont le nombre était dû à la multiplicité des petites juridictions locales et à l’esprit parfois assez chicanier de nos ancêtres.

Nous donnons ci-après la liste, avec leurs titulaires, des métiers et des fonctions que nous avons pu relever entre 1650 et 1792 :

Apothicaire (pharmacien) : 1697, M. Etienne Meyze, époux de Marie Masbarret, au bourg.

Boulanger : 1700, Pierre Thomas, au bourg.

Charpentiers-Meuniers : 1674, Jean Maury, dit « Gaffaut », à Villefélix ; 1696, François Barthélémy, au bourg, décédé accidentellement à Lessines, âgé de 60 ans ; 1700, Martial Ancelot, au bourg ; 1705, Jea Thevenot, à Lajoux.

Charron : 1755, Jean Prugniard, à Lajoux.

Chirurgien : 1780, M. Augustin Tharaud, chirurgien-juré, propriétaire à Puy-Régnier, époux de Melle Jeanne Nouailhier.

Fontainier-Puisatier : 1700, Mathurin Sautereau, à Lavaud ; 1772, Léonard Châtenet, à l’Hermiterie.

Forgerons-Taillandiers (faures) : 1694, Martial Terrier, à Buxerolles ; 1696, Michel Chaignot, au bourg ; 1705, Jean thevenot, à Lajoux ; 1775, François Terrier, au bourg ; 1788, Jean Mourier, à Buxerolles ; an VII (1799), Alpinien Parot, à l’Hermiterie ; an IX, Louis Goras, au bourg, fils de Martial Goras ; serrurier, à Limoges.

Hôteliers-Aubergistes (hoste) : 1665, Jean Testud, époux de Marie Terrier, au bourg ; 1710, François Testu, dit « Vergniaud », au bourg ; 1722, Jean Terrier, époux de Marie Donzeau, au bourg, décédé en 1744.

Jardinier (sans doute maraîcher) : 1712, Léonard Rougerie, au Mas-Bouriane.

Maréchaux-ferrants : 1670, Jean Coussinaud, au bourg ; 1694, André Terrier, à Anglard ; 1716, Pierre Chaniot, époux de Catherine Fournier, au bourg ; 1751, Jean Lacombe, maître-maréchal, au bourg.

Marguilliers ou Fabriciens de l’église (sous le direction d’un syndic perpétuel) : 1670, Jean Coussinaud, 1695, Pierre Joussein ; 1710, François Chaniot ; 1717, Michel Chaniot ; 1782, Thomas Dupuy ; 1784, François Terrier ; 1792, Léonard Barny.

Meuniers : 1694, Antoine Taloys, au Moulin-Taloys ; 1670, Jean Patapy, au moulin de Nouailhas ; Pierre Labrunie, au Moulin de Texonniéras ; 1694, Léonard Ducrot, au Moulin de Gorceix ; Jean Boucheron, au Moulin de Lajoux ; Pierre Barthélémy, au Moulin du Mas Bouriane ; 1698, Guillaume de La PLagne, au Moulin du Montin ; 1699, Léonard Leclerc, au Moulin du Mas Bouriane ; Martial Bouyer, au Moulin de Texonniéras ; 1703, Martial Donzeau, au Moulin du Mas Bouriane ; 1710, Pierre Petit dit Lepetit, au Moulin de Lajoux ; en 1713, Jean Boileau, au Moulin du Pont (Pont de l’Aurence) ; 1727, Lyssandre Moreau, au Moulin du Pont ; 1728, Pierre Fournier, au Moulin de Lajoux ; 1750, Jean Baptiste Parinaud, au Moulin du Pont ; 1765, Pierre Chabrol, au Moulin du Pont ; 1793, Pierre Drouet, au Moulin de Gorceix.

Notaires : 1650, Martial Terrier ; 1663, Léonard Terrier ; 1669, Jacques Terrier ; 1694, Martial Terrier, à Anglard, puis à Nouailhas (décédé à 50 ans, en 1709) ; 1697, Mathieu Taloy, au Moulin du Montin, dit « Moulin Taloy » ; 1698, Léonard Terrier, au Montin ; 1740, Martial Terrier, au bourg, décédé en 1749, syndic de la Fabrique de l’Eglise.

Praticiens ou Procureurs : 1696, Michel Guitard, au bourg ; 1700, Jean talabot, à Nouailhas ; 1716, Jean Terrier, marié à Marie Donzeau, à Nouailhas ; 1775, François Terrier, époux Couty, au bourg, procureur d’office de Nieul et Nantiat et syndic de la Fabrique, décédé à 50 ans, en 1787.

Sabotier : 1748, Léonard Genest ou du Genest, au bourg.

Sacristain : 1765, François Chagniot, au bourg.

Sage-Femme : Dix floréal, an VII, Jeanne Chavagnac ; 1835, Marie Goras.

Tailleur d’habits : 1670, Léonard JOussein, au bourg ; 1700, Jean Chabrol, à La Garde ; 1702, Jeannet Terrier, à Nouailhas, puis à Anglard ; Pardoux de La Marguerite, à Lajoux ; 1724, Thomas Laroche, à La Garde ; 1781, Martial Guillot, au bourg.

Tisserands : 1694, Martial Ventenat, à Arthugéras ; 1696, Etienne de Lavolaud, dit « d’Anglard », au Buis ; 1697, François Senelas, marié à Anne Redon, au Mas-Bouriane ; Pierre Boulier, à La Garde ; 1698, N… au Montin ; 1704, Jean Châtenet, à l’Hermiterie ; 1717, Jean Charletton, au bourg.

Tuilier : il ne me semble pas qu’il y ait eu de tuilerie importante. Pour les fournitures de ces matériaux, on faisait appel, en 1737, tout au moins, à Jean Moreau, tuilier du Teillol, de Chaptelat. Il y aurait eu cependant à Lessines, une tuilerie, mais nous n’avons aucun renseignement sur elle.

L’agriculture, très extensive il y a seulement cent ans, a fait des progrès considérables sur notre territoire. Les nombreuses landes et friches qu’on trouvait à l’époque, n’existent pour ainsi dire plus, si l’on en excepte l’ancien terrain de manoeuvres, en friches, propriété de l’Etat.

Le maraichage, en raison de la proximité de Limoges et grâce à une conception intelligente et raisonnée, a surgi un peu partout. D’autre part, l’élevage, à la suite de l’impulsion donnée par les premiers pionniers, qu’ils s’appellent Benoist du Buis, Laplaud ou Veyriras s’est developpé d’une manière très heureuse, ainsi qu’en témoignent les résultats obtenus depuis un siècle, aux différents concours ou comices locaux, départementaux, régionaux ou nationaux par des agriculteurs couzeixois. La vigne, pratiquement abandonnée aujourd’hui, était cultivée en maints endroits, moins toutefois qu’à Aixe, et qu’en face de nous, à Limoges, où les coteaux de Montjovis, de Beaupuy, de Corgnac et des Tuilières produisaient en relative abondance, le raisin. Cependant, le 16 février 1698, on trouve le Révérend Père Benoist (toujours le même) qui afferme sa vigne du Buis à son frère, M. de Blémont, moyennant dix livres tournois par an. Le vin était, paraît-il, aigrelet, mais buvable. Les bourgeois et certains aubergistes s’approvisionnaient en vins plus corsés du Bas-Limousin ou du Périgord.

Les Familles, l’habitat, la population, les évènements de la vie courante d’antan.

Dans les anciens registres paroissiaux et dans beaucoup d’anciens titres que nous avons eu sous les yeux, nous retrouvons un grand nombre de noms de famille très honorablement portés à Couzeix aujourd’hui. Nous ne pouvons les citer tous et nous nous en excusons.

En 1417, on trouve une famille de Teyssonniéras, tenancière à Villefélix ; des Morineau, au Mas-de-l’Âge ; en 1552, des Meyze, au Buis ; en 1529, Pierre Teilhaud, au Puy-Régnier ; en 1568, des Teyte, Boys (à Arthugéras), Mayru (à Coyol) ; Chauveau, Mounier, Droit ou Drouet, Barny (au Mas-Bouriane), et Terrier. Puis au XVIIème siècle, on retrouve maintes fois les noms de Delhote, Dufour, Durousseau, Bouyet ou Boulier, Servaud, Drouet (à Gorceix) ; Barny (au bourg) ; Lalande (au Buis) ; Civet (au Bost) ; Nicole (à l’Hermiterie); Gouraud (à Buxerolles); Couly, Ventenat, Marquet, Aymard. Un peu plus tard, Fournier, Coussy, Boucheron, Picat, Hyvernaud, Gauthier, Barlant, Valade, Cusson, Palan, Guéry, Couvidou, Patapy, Chagniot, Lemasson, Thabard…

Nous relevons également quelques surnoms, souvent cocasses, come Jambe-de-coq, l’Auvergnat, Vergniaud, Trop-Long, Le Merle, Le Cuisinier, Bigaud, Romain, Le Peix…

Des familles se sont installées à Couzeix, au cours des âges par mariages, acquisition ou tenue d’un métier. D’autres ont émigré plus ou moins loin. Ce n’est que le sort commun à toutes les agglomérations françaises. Ainsi les Chauveau, propriétaires au Rouzeix, et dont nous avons pu remonter facilement la filiation, ont échangé, au début du siècle dernier, ce domaine avec M. Jabet, bourgeois de Limoges, contre un autre à Nouailhas, où ils se sont perpétués jusqu’à nos jours. Les Jabet, propriétaires du Moulin de Coyol, remplacent au château de Coyol, les Segond, seigneur du dit lieu et de Villedart. Beaucoup de familles importantes de Limoges ont aussi des domaines fonciers et seigneuriaux à Couzeix, tels les Benoist, au Buis, au Mas-de-l’Âge, au Mas-Sarrazin, au Montin, à Villefélix ; les Villoutreix, à Texonniéras ; les du Boys, remplacés par les Estienne, à Chamboursat ; les d’Alesme, remplacés par les Manent et les Drouet, à Gorceix ; les Courtaud, au Montin ; les Testud, alliés aux Cantillon de la Couture, au bourg ; les Reculès, puis les Chevalier, à Lessines ; les du Peyrat, au bourg ; les Londeix, à Lavaud ; les de Cordes, au Puy-d’Arthugéras ; les Joubert-Latreille, au bourg ; les Tharaud, au Puy-Régnier ; les Juge-Saint-Martin, à Saint Martin du Faux et à Lessines. L’un de ces derniers, maire de Limoges, a conçu et réalisé un important et original plan d’irrigation pour son domaine de Lessines, reproduit dans la Nouvelle Maison Rustique (Ardant, Editeur, 1840) et qui a été suivi par de nombreux propriétaires limousins de l’époque.

Nous donnerons une place particulière aux Talabot, fixés par la suite à Chaptelat et à Limoges, mais qui sont originaires de Couzeix, où nous trouvons Jean Talabot, procureur à Nouailhas, marié à Léonarde Couty (1697), décédé en 1700, puis François et Jean Talabot, en 1730. Nous ne pouvons manquer de leur consacrer quelques lignes, en raison de la place importante que leur famille a tenu sur le plan régional et même national. L’un d’eux a été président du Tribunal de première instance de Limoges, sous Charles X ; son frère, Paulin Talabot, député, grand mécène, propriétaire du château de Maury, à Condat-sur-Vienne, a été fondateur et directeur général du chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée (P.-L.-M.).

Au XVIIIème siècle encore, les habitations rurales étaient simples, même humbles, nombreuses étaient les toitures en chaume. Il y avait peu d’aération et un cubage d’air souvent bien insuffisant. De gros progrès ont heureusement depuis été réalisés dans ce domaine. Les vestiges des plus anciennes demeures de notre commune se trouvent à Saint-Martin-du-Faux, au Mas-de-l’Âge et au Buis. Le vieux château de Texonniéras a disparu, il y a un peu moins d’un siècle.

Les habitants ont toujours eu la réputation d’être serviables et hospitaliers. Durant les épidémies violents qui sévirent à Limoges, notamment la peste en 1631, des habitants de cette ville furent accueillis à Couzeix, telles les religieuses Carmélites au château du Mas-de-l’Âge. Pendant la Révolution de 1789, plusieurs Limogeois cherchèrent asile à Couzeix. Et, plus près de nous, la crainte des bombardements aériens durant la dernière guerre, eut la même influence. La famille était très unie, pratiquant avec zèle, la foi de ses pères. Durant un siècle (1694-1792), nous ne trouvons que cinq naissances illégitimes, et encore l’une d’elles, le 11 novembre 1787, est suivie d’un acte de légitimation, le 23 janvier 1788, par la mariage des parents ce jour-là. Les registres n’indiquent que deux enfants abandonnés et peut-être par des passants, sur le grand chemin de Limoges à Poitiers, l’un sur la croix du grand cimetière, en juin 1713, et l’autre sur la croix de la Mission, le 23 septembre 1735.

Mais par contre, comme partout en France, à cette époque, la médecine et la chirurgie n’ayant point fait les importants progrès qu’elles ont réalisé aujourd’hui, il y a un nombre considérable de décès d’enfants en bas âge, parmi ceux-ci, beaucoup sont des enfants mis en nourrice chez des cultivateurs de la commune et appartenant à des bourgeois de Limoges, comme les Ardant, les Martin, les Boileau, les Cantillon de la Couture, les Jouert, les Couty, les Segond de Coyol, les Brouillaud, les Rousset…et aussi des morts soudaines d’hommes et de femmes de 30 à 40 ans. L’assistance publique ne connaissait pas son développement actuel, et des pauvres, souvent inconnus, sillonnaient notre grande route.

Enfin, il y a eu sur notre sol des querelles suivies de mort d’hommes, voire des assassinats, et, au cours du XVIIIème siècle, nous en avons relevé un certain nombre. Le 23 juillet 1702, Philippe Chavagnat, du Villageat, est tué d’un coup de bâton dans le chemin au-dessus de Coyol, alors qu’il conduisait sa charrette chargée de blé. Le 3 janvier 1718, est assassiné au village du Buis, Jean de Lalande, inhumé avec la permission de M. Sénémaud, avocat du Roi, juge de Couzeix. Le 23 juillet 1723, Thomas Ventenat de Nouailhas est « homicidé » et inhumé le lendemain, après transport et visite judiciaire sur les lieux.

La plupart des habitants font un testament, même les cultivateurs les plus humbles, et toujours devat notaire. Le 15 mai 1501, Penot du Buys, époux de Jeannette d’Eysurat, cultivateur à Couzeix, fait son testament devant Maître Elie de La Porte. Après différents legs pieux à l’église de Couzeix, pour dire des messes et des prières à son intention, il laisse l’usufruit de ses biens à son épouse et institue son légataire universel Penot, son filleul.

Le 12 mai 1568, on élargit le chemin qui va de Limoges à Couzeix, dans la partie située entre le pont de l’Aurence, le Mas-de-l’Âge et le Buis, après enquête et avis favorable des sieurs Jehan Petiot et Martial Lamy, juges de la prévôté de Limoges, et Pierre de La Charlonnie, procureur d’office. Il était tellement étroit, qu’on y pouvait passer à cheval qu’avec difficulté dans certaines longueurs, ce qui paraît à peine croyable ( !=, et le sieur Benoist, élu en l’Election, et seigneur de Mas-de-l’Âge, fournit gratuitement le terrain à condition qu’on autorise à monter une muraille et creuser un fossé le long de son pré, et l’élargissement permet alors le passage de deux charrettes de front. Après quelques améliorations supplémentaires et des pavages de loin en loin, dus à la sage administration de l’Intendant Turgot, ce n’est qu’après le Premier Empire qu’on établira le tracé actuel, en supprimant le passage du « ravin » de l’Aurence, près du moulin du Pont et des Biards, et en s’écartant davantage du Buis.

La période révolutionnaire, la mairie, les registres d’état civil, les finances.

Jusqu’à la constitution civile du clergé, le curé et le vicaire, M. Mercier et M. Debraye, rédigent les actes de catholicité qui se confondent, en fait à cette époque, avec les registres d’état civil et sont paraphés par Bernard de Beaune, président du Tribunal du district de Limoges. Mais, le refus de serment des deux prêtres, la déchéance de Louis XVI et la proclamation de la République modifient profondément l’administration de notre commune. Les anciennes juridictions , le régime féodal disparaissent. Le 2 août 1792, quatrième jour de la liberté, Léonet, vicaire régent constitutionnel, signe le premier acte. Jean-Baptiste Dupré, ex-chanoine d’Eymoutiers et ancien vicaire régent de Vayres, nommé curé constitutionnel de Couzeix par l’évêque Gay-Vernon, et arrivé sur notre territoire le 24 septembre 1792, est élu, le 2 décembre de la même année, membre du Conseil général de la commune, en même temps qu’Officier public de l’état civil. François Terrier, forgeron au bourg, est élu maire ; Louis-Charles Sallé, ancien ecclésiastique, remplacé peu après par Pierre Lautaire, cultivateur au Montin, devient procureur syndic de la commune, tandis que Lepage est nommé secrétaire, et Graterolle, agent national.

Le 6 pluviôse an II, Jean-Baptiste Dupré prend le titre d’agent national provisoire à la place de Graterolle ; le 3 ventôse an III, Lautaire, précité, devient à son tour agent national ; puis le lendemain, Joseph Dupeyrat, fils de l’ancien seigneur des Mas de Thouron, ci-devant noble et officier au régiment de Saint-Chamond, et de Madeleine de Laurens d’Arfeuille, qui habite avec ses parents le bourg de Couzeix et a embrassé avec enthousiasme les nouvelles idées, est élu officier public d’état civil de la commune. Mais la pérennité n’est guère dans les goûts de l’époque, il est remplacé par Jean Patapy, adjoint au maire, le 24 brumaire an IV.

Notre commune qui faisait alors partie du district de Limoges et du canton de cette ville, est rattachée au canton de Panazol, qui n’aura qu’une durée éphémère. Les registres d’état civil sont alors paraphés à l’échelon supérieur, successivement par Thoumas, Ruade, Poncet et Roulhac, présidents du Directoire du district de Limoges, au cours des ans I, II, et III de l’ère républicaine. En l’an IV, c’est le SR Maisonneuve, président de l’administration municipale du canton de Panazol, remplacé peu après par Dupuytren, qui paraphe nos registres. En l’an IX, ce sera le Préfet de la Haute-Vienne, Pougeard-Dulimbert.

Le 21 frimaire an VI, le citoyen Louis-Charles Sallé, ex-ecclésiastique et propriétaire au Puy-d’Arthugéras, est nommé agent municipal provisoire et temporaire (sic) pour la tenue de l’état civil de Couzeix, puis l’année suivante officier public. Le 8 thermidor an VIII, il fut nommé maître de notre commune et le 23 thermidor an X, il fut remplacé par Léonard Cusson, dans cette fonction.

En 1793, à l’annonce de la patrie en danger et l’enrôlement volontaire étant décrété à Limoges, comme dans la plupart des villes de France, Jean-Baptiste Dupré souscrit un engagement aux armées (il est alors remplacé à l’état civil, durant son assez courte absence, par Thomas Malivert, agent municipal de Couzeix).

Il a abdiqué toutes fonctions ecclésiastiques (consulter à ce sujet l’opuscule documenté de Joseph Boulaud : un prêtre sans-culotte). Le 8 germinal en II (28 mars 1794), nous le retrouvons à Couzeix, pour se marier avec la citoyenne Valérie Barbou-Monismes, ci-devante noble, épouse divorcée du SR D’Albac, officier émigré, suivant l’acte de divorce prononcé au district le 13 juin 1793, et sœur également d’émigrés. Les deux nouveaux époux sont domiciliés à l’Hermiterie, nés à Limoges respectivement en 1764 et 1758, l’ex-curé ayant 6 ans de moins que son épouse.

La première transcription de divorce remonte sur nos registres, au 1er brumaire an VI, mais l’agent municipal et adjoint de la commune Patapy, se récuse, et la président de l’administration municipale du canton de Panazol nomme d’office Pierre Devaud, agent municipal d’Isle, pour remplir les fonctions d’état civil à la place de Patapy, défaillant. Les intéressés sont le citoyen Jean Fournier, demeurant à l’Hermiterie, et la citoyenne Françoise Malivert, demeurant au Bost, qui s’étaient mariés le 20 pluviôse an III. Mais la raison de la dissolution du mariage aurait d’ailleurs, semble-t-il, été admise par l’Eglise, puisqu’il s’agit de non consommation du mariage, d’après les pièces produites et les examens subis. La citoyenne Malivert se remarie devant l’administration du canton de Panazol, présidée par J.B. Dupuytren, le 20 nivôse an VII, avec Antoine Lavallée, demeurant au Bost, veuf en premières noces de Léonarde Malivert.

Le deuxième mariage purement civil, après celui de l’ex-curé Dupré, date du 10 vendémiaire an VIII. Il s’agit du citoyen Pierre-Charles Chardon, commandant des pompiers du département de la Haute-Vienne, divorcé de la citoyenne Jeanne Monjeau, demeurant section de la liberté, à Limoges, et de la citoyenne Catherine Poumier, veuve de Pierre Lauzet, demeurant à Gorceix, commune de Couzeix.

Sur le territoire de notre commune, peu d’exactions ou d’actes arbitraires sont à signaler durant la période troublée de 1792 à 1797. Quelques jeunes gens émigrent ; Joseph Benoist du Buis-Puyfranc suit le parti des princes et sert dans les anciens régiments d’Enghien_ dragons, de Bercheny_ hussards et des chasseurs royaux, cantonnés dans le grand duché de Bade. Nous le retrouvons plus tard garde du corps du comte de Provence, puis chef d’escadron de cavalerie, promu à Gand, durant les Cents Jours (ce qui est une rareté), chevalier de Saint-Louis par Louis XVIII en exil. Le 2 avril 1794, le citoyen Patapy, lieutenant de la garde nationale, perquisitionne au Buis, bien contre son gré, mais par ordre du citoyen Dupré, agent national, commissaire de la République et président de la Société Populaire de Couzeix, et des Comités de Sûreté Générale et de Salut Public séant à Limoges, et il ne trouve rien. Il met cependant sous scellés différents meubles et retient chez eux les citoyennes Dubuis et trois domestiques, et ce ne sera que quelques mois plus tard qu’une levée de séquestre sera obtenue. Peu de temps auparavant, le domaine de Villefélix et de Puyfranc, propriété de l’émigré Benoist, avait été vendu, comme bien national, le 11 nivôse an II, à un nommé Deschamps, pour 20.500 francs.

Il sera racheté par M. Benoist-Puyfranc en 1802, 7.300 francs, mais entièrement déboisé. M. du Buis, aîné de la famille, après la mort de son père survenue le 5 octobre 1793, proscrit à Guéret, puis à Nîmes, au moment de la mission de Clédel, représentant du peuple à Limoges, s’enrôle pour éviter le pire à sa famille, dans les armées de la République chargées de garder la frontière d’Espagne, avec son plus jeune frère, M. Benoist-Lausanier (1796). Ancien chanoine commendataire de l’abbaye de Saint-Martial et licencié ès-lois de l’Université de Poitiers, les évènements l’empêchent d’occuper une des charges quasi héréditaires dans sa famille, celle de conseiller en la Sénéchaussée et siège présidial de Limoges. Mais le 1er mai 1808, nous le trouvons maître de Couzeix, jusqu’à sa mort survenue en 1822, et, ce qui est une particularité à signaler, maire en même temps du Palais, les deux communes entre 1808 et 1815, ayant été réunies, un adjoint (le Sr Butaud à l’époque) résidant au Palais et y exerçant l’administration municipale. Parmi les autres émigrés ayant appartenu de loin ou de près à la commune de Couzeix, il faut signaler : M. d’Albac-Mardaloux, cousin de M. Benoist, et dont l’épouse, Valérie Barbou-Monismes, comme nous l’avons vu plus haut, habitait l’Hermiterie, et les frères Cantillon-Lacouture, dont la mère était née à Testud, du bourg de Couzeix.

La prieure du Carmel de Limoges, la Révérende Mère Thérèse Benoist du Buis, se réfugie au Buis et y meurt en 1794. Plusieurs autres ex-religieuses sont également dans une relative sécurité au Mas-de-l’äge.

Le Premier Empire organise définitivement les municipalités et voici la liste des maires de Couzeix, ainsi que de quelques adjoints et de quelques instituteurs ou directeurs d’école publique, dont nous avons pu retrouver le nom :

1808-1822 : Joseph Benoist du Buis ; Dupeyrat-Desmas, adjoint.

1825 : Manent, propriétaire à Gorceix.

1831 : Etienne Besse.

1832 : François-Henri Borde, avocat.

1832 : Etienne Terrier.

1835 : Jean-Baptiste-Ignace Sénémaud.

1841 : Etienne Besse.

1847 : Jean Drouet ; François Terrier, adjoint ; Vignaud fils, instituteur.

1851 : Pierre-Joseph Benoist du Buis, député de la Haute-Vienne à l’Assemblée Nationale, de 1871 à 1875.

1852 : François Terrier.

1855-1878 : Pierre-Hypolyte Morterol, propriétaire à Arthugéras ; François Delhote, adjoint.

1878 : François Delhote, maire.

1884 : Paul Drouet.

1892 : François Drouet.

1895 : Jean Delhote ; Chauveau, adjoint ; Chenaud, directeur d’école ; Melle Chenaud, directrice.

1912 : François Veyriras.

1924 : Martial Lemasson.

1935 : Charles Rousseau.

1937 : Jean Theillaud.

1941 : Jean-Albert Chauveau.

1944 : Henri Rousseau.

1947 : Marcellin Couvidou.

1950 : Marcel Titout.

1953 : Jean-Albert Chauveau.

Avant de clore ce chapitre, il nous a paru intéressant d’indiquer un acte d’accusation devant le Tribunal criminel séant à Limoges, qui a failli coûter la vie à ceux qui étaient poursuivis, car, on ne badinait pas à ce moment-là et les dénonciations, qui souvent pleuvaient drues, envoyèrent maintes fois de malheureuses victimes à l’échafaud. Le chef d’accusation du 19 germinal an II se rapportait à une falsification d’état civil, à l’encontre de Jean Patapy, officier public de Couzeix, et de Thomas Malivert, agent national, poursuivis pour faux en écriture publique dans la rédaction d’un acte de naissance d’un enfant Fournier, à l’Hermiterie. Il est décerné contre eux un mandat d’amener, transformé en mandat d’arrêt. Il semble, à la lecture des textes, qu’une question d’intérêt avait été à l’origine du faux, pour priver un enfant d’une succession et lui attribuer un autre père que le sien réel. Les accusés sont finalement acquittés après de longs débats, et le tribunal, ayant égard aux déclarations de la ère, ordonne que sur l’acte de naissance au lieu de Marie Maux, porté à tort, il sera écrit Marie Fournier.

Couzeix a eu enfin le privilège, si cela en constitue un, de posséder un percepteur des finances, y résidant à partir du Premier Empire jusqu’au Second, semble-t-il. Plusieurs communes étaient dans le ressort de cette perception, en dehors de Couzeix, d’abord Chaptelat et Le Palais, puis à partir de 1853, Bonnac-la-Côte, à la place du Palais. Comme titulaire, nous trouvons le sieur Bouteville, en 1810 et en 1825 ; puis M. Faure-Maison-Rouge, en 1835, 1843, et 1848. Le suffrage universel n’exista pas toujours. La liste des électeurs de la Haute-Vienne pour les jurys et les conseils généraux ne porte, en 1815, en ce qui concerne Couzeix, que le nom de M. Guérin-Lézé, propriétaire au Mas-de-l’Âge. En 1848, à la fin du règne de Louis-Philippe, fonctionnait encore le régime censitaire, c’est-à-dire que ne pouvait être électeur que celui qui payait un certain chiffre d’impôts. Il y avait alors à Couzeix, cent vingt-cinq électeurs et douze conseillers municipaux. On voit que les temps ont changé !

Le bourg et les villages.

La population actuelle, qui doit confiner à 3000 habitants, était évidemment beaucoup moins dense il y a cent ans et quelques années, à peine la moitié. En 1810, il y avait 1012 habitants ; en 1825, 1235 habitants ; en 1848, 1395 habitants ; en 1860, 1431 habitants ; en 1909, 1996 habitants.

Le bourg, s’il n’avait pas l’importance d’aujourd’hui, était cependant bien constitué, s’étendant le long du grand chemin de Poitiers, et autour du cimetière qui entourait l’église. Parmi les noms des bourgeois de l’époque, beaucoup n’existent plus, tout au moins à Couzeix : les Testud, alliés aux Courtaud, aux Cantillon de la Couture, aux Valière (de Saint-Léonard), aux de Bonneisset, aux de Lauze ; les Terriers, alliés aux David, aux Couty (de Saint-Jouvent), aux Donzeau ; les Dupeyrat des Mas, alliés aux familles les plus considérables du Limousin ; les Joubert-Latreille, alliés aux Chevalier, aux Lafleur de Touyéras, aux Révillon de Beauval, aux Mathis du Chapé, dont l’un fut trésorier de l’extraordinaire des guerres en Limousin, les Meyze…

Quant aux villages, dont nous donnons une liste ci-après, notons que le Puy-Dieu, actuellement de Couzeix, dépendait avant 1789 de Limoges, des prieuré et paroisse de Saint-Gérald. Frégefond paraissait être totalement de Nieul. Le Grand-Mas-Guigou était de Couzeix et le Petit-Mas-Guigou, de la paroisse disparue de la Bregère. Nous n’avons pas trouvé trace de Bosmathé, des Thermes, des Tailles, du Ponteix, de Saint-Florent, et de Puy-Maury. Mais par contre, nous trouvons, comme lieux habités, le Moulin-de-la-Burette( ?), le Moulin-du-Renard, ou de Laurenoux, qui s’identifie peut-être avec le Moulin-de-Lajoux ou le Moulin-des-Planchettes, et le Puy-las-Chatras, qui n’a plus de feu. Il existait jadis un grand nombre de moulins en activité sur le territoire de notre commune, il n’y en a plus aucun qui fonctionne actuellement. Signalons pour mémoire, sur l’Aurence, le moulin de Lajoux ou du Renard( ?), le moulin du Montin, le moulin du Mas-Bouriane, le moulin du Pàont, le moulin de la Courselle, à proximité des Biards ; sur le Champy ou le Coyol, le moulin de Texionnéras, le moulin de Coyol ; sur le ruisseau de l’Ane, le moulin de Gorceix ; sur l’Aurençon, le moulin de Puyfranc ; dans les bas-fonds du Buis, enfin, le moulin de la Burette et le moulin des Planchettes, sur lesquels nous n’avons pas de renseignements, si ce n’est qu’un certain Jean Roussy était meunier aux Planchettes, en 1808. Pour beaucoup, il ne reste aucun vestige.

Voici maintenant la liste annoncée des villages ou lieux-dits de la commune de Couzeix :

L’Aviation : s’est formée depuis la guerre 1914-1918, tire son nom de l’ancien terrain civil et militaire d’aviation, aujourd’hui désaffecté, à proximité du champ de manœuvres, entre Le Buis, La Lande et Le Mas-de-l’Âge.

Anglard

Arthugéras : appelé aussi Orthugéras et même Arstrugéras, sans doue du latin ortus : le jardin. Principal propriétaire, en 1850, M. Morterol.

Le Biard ou Les Biards.

Le Bost.

Le Buis : fief- appartient d’abord aux du Freisseix, en 1350. Le 4 septembre 1407, Aymeric du Freisseix, prêtre et savant homme, M. Guillaume du Freysseix, licencié ès-lois, vendirent à M. Pierre Morineau, receeur du Roi à Limoges, les rentes qu’il avait sur le Mas-du-Buis. Le 23 septembre 1452, le fils de ce dernier, les revend à la famille Benoist, qui détient par la suite la baronnie de Compreignac et les terres du Mas-de-l’Âge, du Mas-Bouriane, du Montin, d’Auriéras, de Blémont, de Landouge, du Coudert, de Lostende et d’Etivaud, et qui fut une des plus importantes de Limoges par ses charges militaires, parlementaires, judiciaires et ecclésiastiques. Ce lieu est encore de nos jours entre les

Le Mas de l’Âge : Jadis château féodal, le plus important de Couzeix, avec fossés, étangs, forêts, pont-levis et chapelle domestique, dont il reste une belle porte dans le goût de la Renaissance. D’autre part, une porte ogivale, trois harmonieuses colonnes, restes d’une galerie intérieure, ainsi qu’un petit cadre de pierre, à colonnettes finement sculptées, témoignent de l’ancienne magnificence de cette demeure, dans laquelle Henri IV se serait, croit-on, arrêté. On y voit encore l’écusson des Benoist sur les murs d’une tourelle « d’azur au chevron d’or, accompagné de trois mains dextres bénissantes d’argent », et on peut y lire leur devise « In manibus tuis sortes meae ». Ceux-ci furent seigneurs du lieu depuis le XVème siècle, succédant aux Morineau, et se fondirent dans les Blondeau, seigneurs de l’Age et de Malagniat, et les Martin (de Nantiat), seigneurs de Beaumoulin, qui devinrent par eux barons de Compreignac, et seigneurs du Mas-de-l’Age ; M. Blondeau du Mas-de-l’Age, chevalier de Saint-Louis et brigadier des gardes du corps de Louis XV, y décéda en 1767 et fut inhumé dans l’église de Couzeix. Alliances avec les Martin de Fontjaudran, les Nouailhier des Bailes, les Grellet, les Loysel de Laquinière, les Guilhen de Lagondie. M. Martin de Compreignac vendit la terre au début du XIXème siècle à M. Guérin-Lézé, notaire royal à Limoges. Le Mas-Sarrazin en dépendait.

Le Mas-Bouriane : Fief aux Benoist, puis aux Martin de la Bastide. En 1532, les consuls de Limoges s’assemblèrent à la Lande de Couzeix, près du Bois-de-Barracon, dans les appartenances du Mas-Bouriane, pour délibérer au sujet des droits de justice entre les abbés de Saint-Martial et les dits consuls.

Le Montin : Les Courtaud, qui s’installèrent plus tard à Meyjas, paroisse de Nieul y résidèrent longtemps après être venus de l’Hermiterie. Alliances : Cibot, Imbert-Laboisseille (de Coussac-Bonneval), Testud-Vergniaud, Donzeau.

Le Moulin-du-Pont.

Nouaillas : Une chapelle, dédiée à Saint-Roch, existait dans ce village dès 1531. Elle tombait en ruine, vers la fin du XVIIIème siècle.

Les Planchettes.

Ponteix.

Le Puy-d’Arthugéras : Une chapelle domestique y fut fondée par M. Sallé, vicaire général, receveur des décimes du diocèse et expéditionnaire en Cour de Rome, propriétaire en ce lieu. Elle fut bénie le 10 août 1785, par Messire Louis Romanet, bachelier de Sorbonne, doyen de l’Eglise de Limoges.

Le Puy-Dieu.

Le Puy-Régnier : Une vicairie de l’église Saint-Pierre-du-Queyroix de Limoges, appelée « de video » avait des rentes sur ce lieu avant 1789. D’autre part, le domaine foncier appartenait, en 1780, à M. Augustin Tharaud, maître-chirurgien, époux de demoiselle Jeanne Nouailhier. Il entra par la suite dans le patrimoine de la famille Marbouty.

Le Rouzeix : Le principal domaine appartenait, en 1790, à Jean Chauveau, qui l’échangea avec M. Jabet de Coyol, contre un domaine à Nouaillas.

Saint-Martin-du-Faux ou du Frau : Fief aux Juge. La chapelle de Saint-Martin existait en 1389. La fête patronale se célèbre encore tous les ans, le second dimanche de juillet. Dans les bâtiments du domaine rural, il y a des vestiges du prieuré ou du bâtiment conventuel qui se trouvait à proximité de la chapelle. Il existe non loin de là, dans les bois, une « bonne fontaine » dite de Saint-Martin, qui a toujours été l’objet d’une grande dévotion de la part de nos compatriotes.

Texonniéras : Fief et château féodal (détruit au siècle dernier), avec chapelle domastique et moulin (aujourd’hui disparus). Appartint sous l’ancien régime aux Labrousse, aux Prouhet, aux Villoutreix et aux Martin de la Bastide.

Le Villageat.

Villefély ou Villefélix : Du latin ou gallo-romain villa felix : maison de campagne heureuse. Il y avait à l’origine deux Villefély : Fély de Tramont ou de la Roche de Tramont, qui appartient à l’abbé de Saint-Martial de Limoges et était affermé, en 1443, par Hugonot de Teyssonniéras, d’où le nom de « Chez Gonot ou Gone » qu’on trouve dans quelques actes, et Villefély proprement dit, avec la terre de Lausanier, qui appartenait à l’Abbesse de la Règle de Limoges, en 1522. Cette année-là, cette dernière céda ses droits aux Benoist, seigneurs du Buis et du Mas-de-l’Age, qui y conservèrent un domaine utile jusqu’au début du siècle. Mais M. de Prouhet, seigneur de Texonniéras, et l’Hôpital général de Limoges leur contestèrent une partie de cette propriété, en 1531, et il fallut un jugement de la Cour du Parlement de Guyenne, séant à Bordeaux ou à Nérac, pour que M. de Prouhet renonça à ses prétentions.

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Hippodrome de Texonniéras.

Couzeix s’enorgueillit, à juste titre, de posséder le seul champ de courses de la périphéries de Limoges et un des plus anciens de France.

Les Haras ayant été réorganisés, par décret impérial, en 1805, la Société de Courses de Limoges manifesta son existence le 8 septembre 1808. Et quelques mois après, des réunions hippiques furent organisées en Limousin. Pour Limoges, elles eurent lieu sur la route de Pierre-Buffière, sur le plateau de Boisseuil, à La Chalussie, à proximité du Roseau, alors propriété de M. Benoist du Buis-Puyfranc, cavalier émérite et dont le frère aîné était maire de Couzeix. En 1821, sous l’administration de M. de Boisseuilh, directeur du Haras de Pompadour, et avec le concours de MM. De Ventaux, de Maldent, de Douhet, de Nexon, Benoist du Buis, de Labastide et Jabet, l’hippodrome fut établi près de Texonniéras, où il est encore. MM. Jabet et de Labastiste ayant abandonné à la société un terrain suffisant pour l’édification du champ de courses, dans un site où l’on jouit d’une vue fort étendue et agréable. Couzeix a connu pendant plus d’un siècle une vie hippique assez intense, des réunions suivies et très réussies. Plusieurs écuries renommées s’étaient implantées sur son sol, l’une d’elles a fourni le fameux cheval « Le Petit-Caporal ». Qui ne se rappelle, d’autre part, les noms de Beaulieu, Pantal, Valière, de Lépine et Delhote, ce dernier très honorablement représenté dans notre commune et se distinguant encore dans les annales hippiques ?

Aujourd’hui, tous les efforts des nouveaux dirigeants de la Société de Courses tendent à redonner ce lustre à notre hippodrome et nous sommes persuadés qu’ils sont sur la bonne voie.

Signalons pour terminer, qu’un dépôt d’étalons, dépendant de Pompadour, fut établi au Buis, sous l’Empire, par ordre de Napoléon Ier, sur la demande de M. Tixier-Olivier, préfet de la Haute-Vienne, et de M. Benoist du Buis, maire de Couzeix. Il s’y trouvait des chevaux arabes, venant d’Egypte, dont le fameux « Subtil » et un baudet, expédié de Toscane.

Economie, transports et réalisations.

L’électricité dont notre commune est entièrement et très heureusement dotée depuis 1934, dans le Syndicat d’électrification de Couzeix-Chaptelat et Beaune, avait eu cependant déjà une modeste devancière en ce qui concernait notamment le bourg et le village de La Garde. La Compagnie des tramways départementaux de la Haute-Vienne en avait, en effet, réalisé après la guerre 1914-1918, l’électrification en courant monophasé 25 périodes, 125 volts. Aujourd’hui, nous avons un excellent courant alternatif triphasé 50 périodes, 220-380 volts.

Au point de vue des transports, Couzeix est desservi par la Société nationale des chemins de fer français (S.N.C.F.), à la gare de Couzeix-Chaptelat ouverte au trafic des voyageurs et des marchandises, à environ deux kilomètres du bourg, sur la ligne de Limoges au Dorat et à Poitiers, commencée en 1867. D’autre part, les tramways départementaux installés au début du siècle, en 1909, ont rendu d’immenses services à notre commune qu’ils sillonnaient par deux lignes régulières : Limoges à Rancon et à Saint-Sulpice-les-Feuilles, et Limoges à Razès, qui se séparaient aux Planchettes. Ils sont remplacés aujourd’hui par des autobus. Et on nous fait espérer que les trolleybus de Limoges viendront bientôt atteindre les limites de notre territoire !…

L’eau courante et potable commence maintenant à alimenter en abondance une grande partie de notre commune. Le bourg en bénéficie depuis trois ans. Elle provient de la captation d’importantes sources entre l’Hermiterie et Coyol, captation qui va être encore sous peu étendue au nord du vallon d’origine et grâce à un imposant château-d’eau installé à La Garde, une forte pression nous est garantie. La prochaine tranche de travaux soumise à l’octroi des crédits de l’Etat et pour laquelle un marché vient d’être passé avec un entrepreneur de travaux publics compétent, embrassera d’ici peu Arthugéras et Le Puy, et enfin tout le quartier de l’Aviation.

Ce dernier, qui a pris naissance à la fin de la guerre 1914-1918, et qui est devenu, pour ainsi dire, la banlieue et le jardin d’une partie de Limoges, prend une extension considérable et est appelé à un développement encore plus important par la mise en place de lotissements judicieux.

Les lotissements de La Lande, des Tailles et du bourg ont bien agrémenté notre petite cité, dotée depuis quelques temps d’un éclairage moderne. La construction de nouvelles écoles, l’embellissement de la mairie, l’installation de la bascule publique marquent encore la volonté de réalisation de nos édiles et ne déparent pas le tableau.

Le quartier de l’Eglise, jusqu’alors un peu déshérité, recevra sans doute, lui aussi « un coup de pinceau » bien nécessaire, surtout depuis qu’on y a transporté les Services des P.T.T. Un dégagement complet de l’église elle-même permettrait peut-être de mettre plus en valeur ce monument.

N’oublions pas enfin l’acquisition de l’ancienne garde des tramways et du terrain attenant, qui a permis de dégager une vaste place devant le cimetière, au fond de laquelle il ne serait pas sans doute inopportun d’envisager l’édification d’un monument aux héros des deux guerres et de la Résistance, pour remplacer celui assez modeste que nous possédons devant la mairie.

Fêtes et associations

La fête votive de Couzeix, sous le patronage de Sainte-Marie-Madeleine, se fête le 22 juillet, s’il s’agit d’un dimanche, ou le dimanche suivant si cette date tombe un jour ouvrable. Elle attire, avec un certain nombre de négociants forains, un concours de population, tant de notre commune que des communes rurales avoisinantes et de la ville de Limoges. La fête patronale a lieu un mois après, le 22 août, dans des conditions analogues.

Depuis quelques années, a lieu, dans le bourg, une fête, dite de Printemps, organisée par les commerçants de Couzeix, le dernier dimanche d’avril. Le quartier de l’Aviation et le village des Planchettes ont imité cet exemple et ont inauguré depuis peu, à leur tour, une fête qui se célèbre le dimanche suivant le 14 juillet pour l’une et huit jours après pour l’autre, avec décalage d’une semaine si l’un des dimanches coïncide avec la fête votive de Couzeix.

Il existait, avant la dernière guerre, une Association sportive de football, qui jouissait d’un terrain loué à l’Administration de l’Armée, au Mas-de-l’Age. Des pourparlers viennent d’être engagés avec l’Association sportive et culturelle du Vigenal, à Limoges, qui pratique le football et différents autres jeux pour la reprise du terrain en question, d’une contenance d’environ un hectare, par cette association, mais à condition que les jeunes gens de Couzeix puissent y adhérer. C’est là, semble-t-il, une bonne solution, étant donné que la si grande proximité d’une cité comme Limoges, où se manifestent tous les sports, les lettres et les arts, nuit forcément beaucoup à l’éclosion et à l’existence de société similaire chez nous.

La société de musique « La Villageoise », présidée par M. Pelletan, et qui a connu une grande vitalité et de nombreux succès, il y a quelque vingt-cinq ans surtout, semble aujourd’hui, à notre grand regret, un peu en sommeil.

Par contre, la Société de chasse, qu’anime M. Villejoubert, a de nombreux adhérents, et ses efforts pour le repeuplement et la conservation du gibier, la destruction des nuisibles et l’entretien de réserves mérite bien des éloges.

Le syndicat agricole, qui comptait parmi les plus anciens du département, a été remplacé par une section locale de la Confédération générale de l’Agriculture (C. G. A.) ayant à sa tête M. Guéry. Jusqu’en 1956, celle-ci, suivant l’exemple de son devancier, organisait annuellement, le premier dimanche d’octobre, un concours agricole bien réussi, où l’on pouvait admirer les plus beaux spécimens de notre élevage et de nos produits de la terre. Maintenant, c’est un concours de labourage qui a lieu aux alentours du 1er septembre, et qui met en vedette l’aptitude des vétérans et surtout des jeunes de l’agriculture fervents de la conduite et du maniement des tracteurs.

Notons également l’existence officielle d’un Télé-Club, qui met à la portée de tous, pour un prix modique, les programmes de la télévision nationale française. Il fonctionne, depuis trois ans, sous la présidence de M. Métais et attire toujours, les jeudis et dimanches, un grand nombre d’enfants. Les écoles publiques, d’autre part, sont pourvues d’une cantine et d’une bibliothèque.

Enfin, les Associations d’Anciens Combattants, celle de la guerre 1914-1918, celle de la guerre 1939-1945 et des Prisonniers de Guerre et Déportés ont des sections locales à Couzeix. La première était dirigée avec un inlassable dévouement, jusqu’à son décès, survenu il y a quelques mois, par M. Blinche, et la seconde est animée avec un zèle non moins grand par M. Villejoubert.

Sur le plan social, et notamment de la mutualité, Couzeix se trouvait à l’avant-garde lorsque survint l’organisation des Caisses d’Assurances sociales et d’Allocations familiales, sur le plan national. En ce sens, qu’il existait déjà. Il y a plus de quarante ans, dans notre commune, une société de mutualité agricole, dite « l’Avenir du Petit-Limoges », à laquelle était annexée une Mutuelle bétail, présidée par M. Delhote, et une société de secours mutuels mixtes s’adressant à toutes les professions, et intitulée : « La Fraternelle » de Couzeix, dont le bureau, en 1925, était ainsi composé : Président, M. Jean Delhote ; vice-présidents, MM. François Laplaud et François Veyriras ; secrétaire ; M. Léon Couly ; trésorier, M. Chauveau.

Nous terminerons cette énumération en signalant la vitalité toujours grandissante d’une société colombophile, fondée depuis quelques années à Couzeix et qui remporte de nombreux et brillants succès, tant sur le plan régional que sur le plan national.

Couzeix, le 15 octobre 1959.

Serge du Cray.